La pratique du 4×4 tend à se diversifier ces dernières années. Il y a de plus en plus de fans qui s’orientent vers une pratique balade et bivouac, ce qui est fort louable. Cependant une grande partie n’a que peu d’expérience en tout terrain pur et en conduite. Certains de ces novices, il faut bien commencer un jour, négligent, à tort, un des grands principes de base de la conduite off road : la gestion de la pression des pneus 4×4. Loin d’avoir la prétention de vous faire un cours magistral, je vous propose quelques astuces.
Gérer la pression de ses pneus : gonfler ou dégonfler
Quand on monte dans sa voiture, on pense, trop rarement, à la pression de ses pneus. Que ce soit au quotidien sur sa citadine ou au volant du 4×4 c’est un sujet qui ne nous occupe pas l’esprit. En nous avons tort, car cette rondelle de caoutchouc est le seul lien qui relie le véhicule à la route. En dehors du profil du pneu et de son état usé ou pas, il y a une chose sur laquelle il faut être vigilant, c’est la pression. Sur route, rouler sur ou sous gonflé peut être dangereux.
Sous gonflé le pneu va ballonner, la carcasse va beaucoup plus travailler et risque de se déformer. En prenant une forme aplatie il y a un risque de chauffer important même à basse vitesse (50km/h), cela entraine une surconsommation de carburant et si vraiment la pression est basse, il y a un risque de déjantage notamment en cas de manoeuvre d’évitement. De plus vos trajectoires vont devenir floues et la stabilité de la voiture peut être dégradée.
Lire le test compresseurs 4×4
Surgonflé, le pneu se rigidifie et on risque non seulement une usure prématurée de la bande de roulement au centre, mais aussi on accroit les risques de perte d’adhérence ( car la surface qui repose au sol est réduite) lors des changement de direction et on augmente les distances de freinage sur sol humide car la surface qui repose au sol est réduite.
Voilà un peu pour ce qui est de la théorie sur ROUTE.
En plus votre compresseur, suivant les modèles, pourra vous servir de soufflette, pourra regonfler un pneu avec une petite crevaison, gonfler matelas, ballons et autres bouées snoopy ou encore dépanner un copain.
Note : des infos et des tests de pneus à lire ici : essais pneus 4×4
Passons maintenant en mode off road.
Sur un chemin de terre, par temps idéal, vous ne devriez pas connaitre de soucis. Tout va bien le soleil brille, vous avez préparé le 4×4 pour partir en balade le week-end, vous êtes gonflés aux préconisations constructeur, tout roule. Peut être avez vous même pensé à augmenter un peu la pression car vous êtes super chargés avec la tente de toit, le frigo, la batterie amovible qui pèse 15 tonnes, le chauffage, la clim, les 100 l d’eau pour la douche et la vaisselle, les enfants et la belle mère, ou le beau père ne soyons pas sexistes.
Et hop c’est parti. Les cheveux au vent, le bronzage du bras gauche à la portière en écoutant le dernier tube de l’été tout le monde chante comme dans une colonie de vacances.
Puis le chemin va passer dans une zone qui devient de plus en plus humide, chouette voila du fun. Papa met un peu les gaz fait quelques gerbes de boue et d’eau et malheureusement le voila planté au bout de quelques mètres car il n’a pas jugé nécessaire de vérifier là où il allait passer, la profondeur des ornières et si c’était juste une pellicule de boue ou un bourbier saumâtre qui ravirait un sanglier. On passe la marche arrière on pousse la pédale d’accélérateur, l’électronique s’affole, l’ESP qui était resté enclenché perd la boule, on remet en avant et …. on s’enfonce.
C’est ballot car ce bourbier ne faisait que 10 m de long. Le visage de notre joyeuse bande commence à faire grise mine. Il va falloir descendre, patauger en tongs car on n’a pas forcément pensé à avoir des bottes ou des chaussures de marche, et essayer de se tirer de ce mauvais pas
Après des heures d’efforts, vains, c’est grâce à l’agriculteur du coin que le 4×4 va s’extirper de sa gangue boueuse. Pendant tout ce temps à attendre les enfants ont braillé, le couple s’est pris la tête sur les capacités de “pilotage” et la non prévoyance, la belle mère est furieuse, bref çà commence mal.
Bon vous allez me dire que je fais un peu un scénario catastrophe, mais je vous assure que ca arrive.
En dehors du fait qu’il faut toujours essayer de vérifier AVANT les passages difficiles et faire une reconnaissance à pied,notre vaillant conducteur aurait pu déjà essayer de limiter les risques en ayant un profil de pneu adapté au tout terrain mais aussi en gérant la pression de ces dits pneus.
Le principe de base est simple, on a un pneu et une pression donnée. Comme un ballon de foot, si on le dégonfle et qu’on l’appuie par terre, sa surface en contact avec le sol va être plus grande. Inversement, si on met plus d’air, la surface sera moindre. A pression normale la surface de contact au sol n’est ni trop importante, ni trop faible, idéale pour la route.
Quand on arrive sur une zone molle, c’est à dire de la boue, du sable ou tout autre terrain meuble, notre adhérence va logiquement diminuer alors dans ce cas, pour éviter les soucis, on peut dégonfler un peu notre pneu. On va ainsi avoir un accroissement de la motricité de notre 4×4. Les crampons vont trouver plus de grips car il y en a plus en contact avec le sol. La carcasse du pneu va aussi plus travailler et faciliter l’extraction de la terre qui peut se loger entre les sculptures.
Soyons quand même attentifs aux obstacles. Dégonflé, la pierre qui dépasse est votre ennemi. un choc avec elle peut risquer un déjantage, alors faites attention à votre trajectoire et à ne pas trop baisser la pression, par contre, si la voie est dégagée ou dans le sable, vous prenez moins de risques alors on peut baisser un peu plus bas.
Par contre on peut faire la manoeuvre inverse quand on est face à des pistes rocheuses ou avec beaucoup de cailloux, comme au Maroc par exemple. Toutes ces pierres ne demandent qu’à venir percer les flancs de votre beau pneu tout terrain tout neuf. Si vous êtes sous gonflé, cela va leur faciliter les choses car la carcasse sera plus “molle”. On peut donc envisager de rajouter un peu de pression pour s’en prémunir.
Un dernier point, une fois revenu sur le bitume, si vous avez un bon trajet à faire on remet une pression normale !!! Ca peut sembler fastidieux mais il en va de votre sécurité et de ceux qui sont dans la voiture !
De combien peut on dégonfler ?
C’est suivant le terrain, votre véhicule et aussi votre pneu. Si vous avez un pneu routier, sa carcasse ne va pas pouvoir supporter trop de sous gonflage, par contre la structure d’un pneu tout terrain ou d’un mud est plus rigide, voire très rigide, cela dépend des marques. il faut faire des tests ou alors venir lire des essais pneus du journal du 4×4.
Toujours est t il qu’on peut dans un cas standard dégonfler autour de 1.5b. Essayez et vous verrez que votre motricité sera grandement améliorée. Face à du sable mou ou un gros bourbier on peut aller jusque 1.2b voir 1b. Mais il faut avant tout évaluer les risques de déjantage ou de crevaison si il y a des obstacles en dur.
Lire le test compresseurs 4×4
Note : les manufacturiers préconisent une pression minimale de 1.5b et ne font plus d’essais de roulage en dessous.
On peut aller encore en dessous avec des systèmes qui maintiennent les talons des pneus plaqués sur la jante, de systèmes beadlocks, mais c’est un autre sujet et plus réservé à la compétition ou aux grosses préparations et c’est non homologué sur route en Europe !
Pour la neige, reportez-vous aux pressions indiquées par les constructeurs. Après, si il y a de la poudreuse ou une grosse couche sur un chemin c’est un peu comme la boue, mais attention au caillou tranchant qui peut être masqué !
- Bitume pression normale
- chemin de terre = ou –
- piste avec rocaille +
- roche lisse non agressive —
- boue –
- sable – ou – –